Prenez un instant et imaginez-vous dans la peau de l’une de ses femmes qui pour différentes raisons se retrouvent un jour à la rue, à dormir dans leur voiture, sans maison, ni abri. Imaginez … que vous soyez aujourd’hui à la rue sans amis, ni famille pour vous aider. Imaginez…

Après avoir appelé le 115, vous vous retrouvez dans un centre d’hébergement de nuit pour femmes. A 8h00 du matin le centre ferme et vous voilà à nouveau dans la rue. Sans argent, sans moyen de communication et exposée aux intempéries (pluie, soleil, neige, le froid, le chaud), vous voilà aussi sous le regard du public dans la rue. Vous vous retrouvez sous un abri de bus, dans un centre commercial mais vous ne pouvez y rester trop longtemps car vous êtes une femme et très vite vous êtes repérée et très vite des hommes vont comprendre que vous êtes seule, vulnérable.

Alors, pour ne pas être embêtée, ne pas être agressée, vous vous déplacez vers un autre lieu, et encore un autre lieu. Vous vous assurez sans cesse de ne pas être suivie, le temps s’écoule lentement et la fatigue se fait ressentir en même temps que le stress. A midi, vous devez trouver à manger et encore une fois comment se rendre sur un point de distribution qui mêle les hommes et les femmes sans distinction. Comment éviter qu’à la fin du repas, vous ne soyez pas suivie et c’est à nouveau le marathon pour trouver un abri, se déplacer à nouveau et attendre 18h00 que le centre d’hébergement ouvre et espérer qu’il reste de la place pour vous. Toute cette énergie pour devenir invisible dans la rue, vous ne pouvez pas vous poser pour chercher des solutions, pour trouver de l’aide et être accompagnée. Toute cette énergie renouvelée sans cesse qui peu à peu ronge vos espoirs de retrouver une vie « normale », voilà le quotidien des femmes Sans Domicile Stable.